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CHANT I.

Ses cheveux partagés comme des gerbes blondes,
Dans les Vapeurs de l’air perdent leur molles ondes,
Comme on voit la Comète errante dans les cieux
Fondre au sein de la nuit ses rayons gracieux ;
Une rose aux lueurs de l’aube matinale
N’a pas de son teint frais la rougeur virginale ;
Et la lune, des bois éclairant l’épaisseur,
D’un de ses doux regards n’atteint pas la douceur.
Ses ailes sont d’argent ; sous une pâle robe,
Son pied blanc tour-à-tour se montre et se dérobe,
Et son sein agité, mais à peine aperçu,
Soulève les contours du céleste tissu.
C’est une femme aussi, c’est une Ange charmante ;
Car ce peuple d’Esprits, cette famille aimante,
Qui, pour nous, près de nous, prie et veille toujours,
Unit sa pure essence en de saintes amours :
L’Archange Raphaël, lorsqu’il vint sur la Terre,
Sous le berceau d’Éden conta ce doux mystère.