Page:Vigny - Journal d’un poète, éd. Ratisbonne, 1867.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
ALFRED DE VIGNY

gravit une montagne et, de là, voit au loin le soleil et le jour, tandis que la nuit est à ses pieds : ainsi le poëte voit un soleil, un monde sublime et jette des cris d’extase sur ce monde délivré, tandis que les hommes sont plongés dans la nuit.


vers écrits sur le more de venise donné
à madame dorval.


Quel fut jadis Shakspeare ? — On ne répondra pas.
Ce livre est à mes yeux l’ombre d’un de ses pas,
Rien de plus. — Je le lis en cherchant sur sa trace
Quel fantôme il suivait de ceux que l’homme embrasse,
Gloire, — fortune — amour, — pouvoir ou volupté !

Rien ne trahit son cœur, hormis une beauté
Qui toujours passe en pleurs parmi d’autres figures
Comme un pâle rayon dans les forêts obscures,
Triste, simple et terrible, ainsi que vous passez,
Le dédain sur la bouche et vos grands yeux baissés.


La réputation n’a qu’une bonne chose, c’est qu’elle permet d’avoir confiance en soi et de dire hautement sa pensée entière.