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poèmes antiques et modernes

« Malheur ! c’est mon neveu ! malheur ! car, si Roland[1]
» Appelle à son secours, ce doit être en mourant.
» Arrière, chevaliers, repassons la montagne !
» Tremble encor sous nos pieds, sol trompeur de l’Espagne ! »

IV


Sur le plus haut des monts s’arrêtent les chevaux ;
L’écume les blanchit ; sous leurs pieds, Roncevaux
Des feux mourants du jour à peine se colore.
À l’horizon lointain fuit l’étendard du More[2].

— « Turpin, n’as-tu rien vu dans le fond du torrent ?
— » J’y vois deux chevaliers : l’un mort, l’autre expirant.
» Tous deux sont écrasés sous une roche noire[3] ;
» Le plus fort, dans sa main, élève un Cor d’ivoire[4],
» Son âme en s’exhalant nous appela deux fois. »



Dieu ! que le son du Cor est triste au fond des bois[5] !


Écrit à Pau, en 1825[6].
  1. Var : O, Rolland
  2. Var : O, Maure.
  3. Var : O, Leurs corps sont écrasés
  4. Var : O, cor
  5. Var : O, cor
  6. La pièce n’est pas datée dans O, P2.