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poèmes antiques et modernes


Elle veut l’attendre enfin[1] :
Mais, de bons marins pourvue,
Aussitôt qu’elle est en vue,
Par sa manœuvre imprévue,
Elle part comme un dauphin.

VI


Comme un dauphin elle saute,
Elle plonge comme lui
Dans la mer profonde et haute,
Où le feu Saint-Elme a lui.
Le feu serpente avec grâce ;
Du gouvernail qu’il embrasse
Il marque longtemps la trace,
Et l’on dirait un éclair
Qui, n’ayant pu nous atteindre.
Dans les vagues va s’éteindre.
Mais ne cesse de les teindre
Du prisme enflammé de l’air.

VII


Ainsi qu’une forêt sombre
La flotte venait après,
Et de loin s’étendait l’ombre
De ses immenses agrès.
En voyant Le Spartiate,

  1. Byron, Childe Harold, II, 20 : Alors celui [des navires] qui porte le pavillon amiral sera forcé de ployer ses voiles, afin que les bâtiments plus lourds qui sont restés en arrière puissent l’atteindre.