Page:Vigny - Poèmes antiques et modernes, éd. Estève, 1914.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
la frégate la sérieuse


Doublant une vieille tour[1][2],
Elle entra, sans avarie[3],
Aux cris : Vive la patrie !
Dans le port d’Alexandrie,
Qu’on appelle Abou-Mandour,

LE REPOS

XV

Une fois, par malheur, si vous avez pris terre,
Peut-être qu’un de vous, sur un lac solitaire.
Aura vu, comme moi, quelque cygne endormi,
Qui se laissait au vent balancer à demi.
Sa tête nonchalante, en arrière appuyée,
Se cache dans la plume au soleil essuyée :
Son poitrail est lave par le flot transparent.
Comme un écueil où l’eau se joue en expirant ;
Le duvet qu’en passant l’air dérobe à sa plume
Autour de lui s’envole et se mêle à l’écume ;
Une aile est son coussin, l’autre est son éventail ;
Il dort, et de son pied le large gouvernail
Trouble encore, en ramant, l’eau tournoyante et douce,
Tandis que sur ses flancs se forme un lit de mousse.
De feuilles et de joncs, et d’herbages errants
Qu’apportent près de lui d’invisibles courants.

  1. La tour des Arabes, près d’Alexandrie.
  2. Var, note : A, Tour
  3. Var : A, Patrie !