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Sylvie de Moliere.

pas laiſſer de le faire ; car ſans celà, Madame, voudrois-je les momens que vous emploiriez à la lecture d’une ſi ennuyeuſe hiſtoire, que celle de ma vie ?

Je m’y crois encore d’autant plus engagée, qu’aſſûrément on n’a incité Vôtre Alteſſe à m’honorer de ſes Lettres, que dans l’eſperance d’une réponſe qui ſeroit de ce caractere ; & c’eſt pourquoy je la ſupplie de prendre tout en bonne part.

Pour commencer : Je n’ay jamais bien ſçeu qui j’eſtois ? Je ſçay ſeulement que je ne ſuis pas une perſonne qui ait de communes deſtinées ; que ma naïſſance, mon education & mes mariages, ont eſté l’effet d’autant d’aventures extraordinaires ; & que ſi je voulois emprunter l’éclat de quelque Heroïne fabuleuſe, il ſe trouveroit des gens au monde (comme peut-eſtre il s’en eſt déjà trouvé)