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Page:Villedieu - Mémoires de la vie de Henriette Sylvie de Molière, 1672.pdf/16

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La vie de Henriette

tre à couvert d’un orage. Mes petites façons luy plûrent ; il crût voir en moy quelque choſe qui n’eſtoit pas de Païſanne, il s’informa qui j’eſtois, apprit mon Avanture, puis ſe tournant avec un ſoûris, vers un Gentil-homme qui l’accompagnoit ; Voilà, luy dit-il, une grande cruauté d’abandonner ainſi un enfant ; cependant cette petite fille ſeroit un jour parfaitement belle ; je veux prendre ſoin de la faire élever, pour voir ſi je ne ſeray trompé. Et en effet dépuis ce moment-là, juſques à ſa mort, il ne me laiſſa mancquer d’aucune choſe neceſſaire à mon education ; méme il en fit tant, que quand on le ſçeut, cela fit dire à pluſieurs que je luy devois la vie, & quelques-uns l’entendoient malicieuſement. Toutesfois on m’a bien aſſûré qu’il n’eſtoit pas mon pere, & que ſa chaſſe l’avoit amené par hazard dans ce petit ha-