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Page:Villedieu - Mémoires de la vie de Henriette Sylvie de Molière, 1672.pdf/26

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La vie de Henriette

affliction ? & quand, à cette diſgrace, il ſe méla encore la peur d’un ſanglier qui eſtoit chaſſé, & qui traverſa en meſme temps cette route preſque ſur les pieds de mon cheval ! Il me ſouvient que malgré toute ma ſurpriſe, je ne laiſſay pas de mettre la main au piſtolet qui me reſtoit, comme pour arreſter cet animal : Et je diray en paſſant que c’eſt à quoy je veux reconnoiſtre quelquefois le ſang genereux dont je pourrois bien eſtre née.

Monſieur de Birague qui vit de loin mon action, & qui crût que je n’eſtois là venuë à toute bride, qu’à deſſein d’y rencontrer la beſte au paſſage ; fit un grand cry pour me reprocher ma temerité, & s’avançant vers moy au grand galop, me demanda ſi Monſieur de Moliere ſe mocquoit de m’expoſer de la ſorte. Mais comme il ne s’imaginoit rien moins que la