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Midi et du Nord, à l’Italie et à l’Espagne, toutes contrées qu’a si profondément pénétrées la conquête de l’ancienne Rome et la religion de la nouvelle, j’ai réuni l’Angleterre, dont l’idiome, greffé de branches romanes sur sa vieille souche teutonique, est mixte comme le génie anglais, unissant à la pompe poétique la précision et la rapidité.

En dehors du développement de chacun de ces idiomes, le latin, qui, comme langue morte, leur a donné naissance, les suit et les domine encore, comme langue artificiellement contemporaine ; mais, sous ce rapport, j’ai dû plutôt en retracer l’influence générale qu’en discuter les productions dégénérées. C’était, en effet, de la formation du génie moderne que je m’occupais ; et ses traits véritables, sa croissance et sa physionomie n’apparaissent avec toute leur originalité que dans les idiomes nouveaux. J’ai donc rarement parlé des nombreux écrits composés en langue latine, avant la naissance ou pendant les longs bégaycments de nos idiomes dérivés du latin.

En étudiant l’Histoire littéraire de France des Bénédictins, on est surpris d’y trouver, parmi nos anciens auteurs français, Cornelius Gallus et Germanicus. Mais, sans faire remonter aussi loin la généalogie de notre littérature, on n’en doit pas trouver moins ingénieuse et moins solide une étude qui s’attache à découvrir, sous le vêtement latin des premiers siècles du moyen âge, les linéaments et les indices de l’esprit français. En ce sens et sous cette forme, un très-précieux chapitre de notre histoire littéraire peut embrasser une époque dont les monuments primitifs ne renfermaient encore aucune trace du langage français. Tel est, en partie, l’objet de la belle Introduction publiée par M. Ampère, et si justement honorée d’une distinction