Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par ce défilé raboteux pour arriver à des objets plus riants, pour entrevoir cette ingénieuse littérature du Midi, ce premier éclat de l’imagination provençale qui contraste avec l’esprit tout clérical, l’esprit d’imitation et de servitude conservé dans les écrits latins des religieux du moyen âge.

L’intelligence de l’Europe à cette époque se divise en deux grandes fractions. Ici, l’esprit ecclésiastique officiel et dominateur qui parle la langue latine ; là, l’esprit jeune, nouveau, hardi, chevaleresque, qui parle les langues nées d’hier. Pour arriver à ce premier point, il fallait étudier la décomposition pénible de cette langue latine qui avait autrefois conquis l’Europe, et qui la gouvernait encore par la théologie.

Une fois sortis de ces épines, nos recherches et nos découvertes seront plus attrayantes ; et, comme involontairement j’ai l’esprit frappé de ces romans de chevalerie dont nous parlerons, je ne puis me défendre de songer en ce moment à ce grand nombre de romans qui commencent à peu près comme nos études sur le moyen âge. Le chevalier est d’abord obligé de franchir des landes arides, des buissons, des marais ; il tombe dans les fossés bourbeux d’un gothique châ-