CHAPITRE XV.
Il faut donc le reconnaître, l’inspiration lyrique s’était peu rencontrée dans les premiers efforts du génie romain. Elle n’y prenait pas une place à part ; elle n’avait pas su attacher aux traditions religieuses et aux fêtes nationales quelques empreintes immortelles d’imagination et d’art ; elle n’était pas entrée dans la vie des Romains, moins poétique et moins libre que celle des Grecs : et, si elle s’était mêlée parfois à ces œuvres artificielles du théâtre que Rome victorieuse chercha comme une distraction, elle n’avait eu, sous cette forme, qu’un rôle secondaire, dont le cadre même devenait difficile et rare sous le pouvoir absolu d’Auguste.
Et toutefois peut-on nier quelle force de naturel et de grâce, quelle perfection animée la poésie allait prendre dans cet âge mémorable, ouvert et terminé par tant de crimes et de hontes ?