Page:Villetard - Histoire de l’Internationale.djvu/350

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Maintenant, nous avons à adresser une question à M. Thiers et aux hommes de la Défense nationale, ses satellites. On sait que, par l’entremise de M. Pouyer-Quertier, son ministre des finances, Thiers avait contracté un emprunt de deux milliards, qui devait être versé de suite. Est-il vrai, oui ou non —

1o Que cette affaire avait été arrangée de manière que quelques centaines de millions seraient appropriés au bénéfice particulier de Thiers, Jules Favre, Ernest Picard, Pouyer-Quertier et Jules Simon ? et

2o Que cet argent ne devait être payé qu’après la pacification de Paris ?

Dans tous les cas, il a dû y avoir quelque chose de bien urgent dans cette affaire, puisque Thiers et Jules Favre, au nom de la majorité de l’Assemblée de Bordeaux, sollicitèrent sans vergogne l’occupation immédiate de Paris par l’armée prussienne. Cela, cependant, ne cadrait nullement avec les plans de Bismark, comme il l’annonça d’un air goguenard, après son retour en Allemagne, dans son discours adressé, en public, à ses admirateurs, les Philistins de Francfort.


II


Paris armé était le seul obstacle de quelque importance qui gênât le complot contre-révolutionnaire. Il fallait donc désarmer Paris. Même sans les clabaudages furieux des ruraux, la décision prise par Thiers de livrer Paris à la merci du triumvirat de Vinoy, le décembriseur, de Valentin, le gendarme bonapartiste, et de d’Aurelles de Paladine, le général jésuite, aurait suffi pour ne pas laisser l’ombre d’un doute. Mais tout en faisant voir de la manière la plus insolente le véritable motif du désar-