Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/341

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Il plonge dans l’obscurité ses esplanades désertes au-dessus des régions de Josaphat.

Et voici que l’épaule du Médiateur a tressailli sous la main du Roi, car les ombres de la plate-forme solitaire deviennent, d’instant en instant, plus solennelles ; elles s’épaississent et s’émeuvent comme sous l’action d’un soudain prodige.

À l’aspect des tourbillons précurseurs des épouvantements, le Grand-ministre détourne sa face de marbre vers les femmes terrifiées et vers les guerriers pâles ; il s’écrie :

— Prêtres, ravivez la flamme-septénaire des Chandeliers d’or ! Qu’on allume les Sept-Chandeliers des conjurations funèbres. — De vaines fumées, tout à l’heure, vont apparaître, qui se dissiperont d’elles-mêmes si on ne les interroge pas. Que les nuages de vos encensoirs, ô filles de Judée, vous épargnent les obsessions inquiètes des Esprits de l’éternelle Limite ! Exultez, avant que l’Heure vous rappelle au sein de la terre.


Il dit. Et la fête reprend son allégresse : on défie les sortilèges de l’Assyrie ! ses mages noirs avaient-ils su délivrer, avant l’heure, Nëbou-Kudurri-Ousour, son roi, — son roi, visionnaire de baalïm d’or aux pieds d’argile, — qui, marqué d’une réprobation d’Êlohim, erra, sept années, sous le poil bestial, loin de son opulence, à travers ces diluviennes forêts qui enserrent l’immense Schëunaar-aux-quatre-fleuves ? — Les danses de Maha-Naïm secouent leurs palmes