Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/88

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glorieux et capable. Imitons-le si nous le pouvons, et soyons de son côté, à tout hasard, ne fût-ce que pour n’avoir pas l’air d’un imbécile. »

Voilà le raisonnement caché, n’est-il pas vrai, dans l’atmosphère même de la salle.

Maintenant, si la Claque enfantine dont nous jouissons suffit, aujourd’hui, pour amener les résultats d’entraînements que nous avons signalés, que sera-ce avec la Machine, étant donné ce sentiment général ? — Le Public, les subissant déjà, tout en se sachant fort bien la dupe de cette machine humaine, la Claque, les éprouvera, ici, d’autant mieux qu’ils lui seront inspirés, cette fois par une vraie machine : — l’Esprit du siècle, ne l’oublions pas, est aux machines.

Le spectateur, donc, si froid qu’il puisse être, en entendant ce qui se passe autour de lui, se laisse bien facilement enlever par l’enthousiasme général. C’est la force des choses. Bientôt le voici qui applaudit à tout rompre et de confiance. Il se sent, comme toujours, de l’avis de la Majorité. Et il ferait, alors, plus de bruit que la Machine elle-même, s’il le pouvait, de crainte de se faire remarquer.

De sorte — et voilà la solution du problème : un moyen physique réalisant un but intellectuel — que le succès devient une réalité !… que la Gloire passe véritablement dans la salle ! Et que le côté illusoire de l’Appareil-Bottom disparaît, en se fusionnant, positivement, dans le resplendissement du Vrai !

Si la pièce était d’un simple agota, ou de quelque