Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/47

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bon air sacré ; le vent le ranimait, ses poumons ressuscitaient ! Il entendait, en son cœur dilaté, le Veni foràs de Lazare ! Et, pour bénir encore le Dieu qui lui accordait cette miséricorde, il étendit les bras devant lui, en levant les yeux au firmament. Ce fut une extase.

Alors, il crut voir l’ombre de ses bras se retourner sur lui-même : — il crut sentir que ces bras d’ombre l’entouraient, l’enlaçaient, — et qu’il était pressé tendrement contre une poitrine. Une haute figure était, en effet, auprès de la sienne. Confiant, il abaissa le regard vers cette figure — et demeura pantelant, affolé, l’œil morne, trémébond, gonflant les joues et bavant d’épouvante.

— Horreur ! il était dans les bras du Grand-Inquisiteur lui-même, du vénérable Pedro Arbuez d’Espila, qui le considérait, de grosses larmes plein les yeux, et d’un air de bon pasteur qui retrouve sa brebis égarée !…