Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/59

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Vers le midi, l’on prit terre en une magnifique éclaircie d’arbres. Après une tranche de pâté, deux verres de champagne, quelques fraises des bois et du café, Gabriel, — qui avait observé, tout le temps du repas, les ébats des écureuils entre les branches et jeté le projet d’une battue aux loups pour le prochain hiver, — alluma une cigarette et, l’ayant fumée :

— En selle ! dit-il, si vous êtes reposée, toutefois, Sylvabel ?

— Allons ! répondit-elle.

Et l’on se départit, derechef, à travers champs.

Soudain, au beau travers d’une route, à trente pas d’une haie, un lièvre passa comme l’éclair. Les chiens se précipitèrent : Gabriel, ayant tiré, le manqua.

— C’est cet imbécile de Murmuro ! dit-il avec un doux sourire, mais en rechargeant, très vite, son arme : il s’est jeté entre le lièvre et moi comme j’ajustais.