Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/240

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« En ces parages, les plus reculés, pour ainsi dire, de notre globe, nul commerce possible n’ayant paru aux nations civilisées mériter que l’on risquât des bâtiments au milieu des innombrables récifs qui en hérissent les abords, ces îlots, perdus en des étendues de flots démesurées, demeurent tout à fait inconnus : cet archipel en compte plus de sept cents, dont quelques-uns seulement sont madréporiques.

« Les effroyables tempêtes, les enlisements d’un certain sable basaltique pareil à de la poussière d’anthracite, les tombées, parfois soudaines, de brumes stagnantes, rendent ces régions funestes aux navigateurs, qui ont surnommé ces eaux la Mer-dangereuse : et tant de bâtiments de tous pavillons s’y sont perdus que l’on a silencieusement renoncé à s’y égarer. Seule, une secte de pirates polynésiens, les Ottysors, guetteurs de naufrages,