Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

réverbéré de la sorte, j’aperçus un tableau que toute langue, morte ou vivante (je n’hésite pas un seul instant à le dire), est, sous le soleil et la lune, hors d’état d’exprimer.

Oh ! comment décrire cela ! Quelle imagination comblera l’inanité dérisoire des mots que je vais tracer !

Le paroxysme de l’ardente inquiétude qui m’agitait faisait trembler l’ophtalmoscope entre mes doigts, — et le jet de lumière dansait dans les yeux du cadavre, dans les grands yeux renversés, vitreux, fixes, exorbitants, déployés !

Et voici à peu près ce que je voyais :

— Oui !… des cieux ! — des flots lointains, un grand rocher, la nuit tombante et les étoiles ! — Et, debout, sur la roche, plus grand que les vivants, un homme, pareil aux insulaires des archipels de la Mer-dangereuse, se dressait ! Était-ce un homme, ce fantôme ?