Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/56

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mes de loi, je dois confesser, in primis, que si je livre ces pages à l’impression, c’est pour céder à de longues prières d’amis dévoués et éprouvés. Je crains même d’être, plus d’une fois, dans la triste nécessité d’atténuer, — (par les fleurs de mon style et les ressources d’une riche faconde), — leur hideur insolite et suffocante.

Je ne pense pas que l’Effroi soit une sensation universellement profitable : le trait d’un vieil insensé ne serait-il pas de la répandre, à la volée, à travers les cerveaux, mû par le vague espoir de bénéficier du scandale ? Une découverte profonde n’est pas immédiatement bonne à lancer, au pied levé, parmi le train des pensées humaines. Elle demande à être mûrement digérée et sassée par des esprits préparateurs. Toute grande nouvelle, annoncée sans ménagements, peut alarmer, souvent même affo-