Page:Villiers de L’Isle-Adam, Premières poésies, 1893.djvu/51

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Sous les myrtes promène une ardente langueur,
Où l’on dit que la vierge, en proie aux vagues fièvres,
Ouvre à son jeune amant, quand s’unissent leurs lèvres,
L’écrin parfumé de son cœur.


V


L’amour, c’est l’auréole au front d’or de ces fêtes.
Les femmes de Venise ont leurs danses muettes,
Elles y parlent peu : — mais leurs yeux sont si doux !
Mais les plis de corail de leur divin sourire
De perles émaillés semblent si bien vous dire :
« Je sais ce qui se passe en vous ! »


VI


 Ô Muse ! un de nos soirs, le cœur plein de jeunesse,
Je veux en Italie amener ma maîtresse !...
Nous aimons, tous les deux, les plaisirs passagers,
Et nous nous mêlerons aux valses de Venise,
Sous les dômes de fleurs neigeuses, que la brise
Laisse aux feuilles des orangers.