Page:Villiers de L’Isle-Adam, Premières poésies, 1893.djvu/65

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À ses pas exilés éclairait trois chemins.
Elle avait dix-sept ans : — ô fantômes du doute !...
Elle vit qu’il fallait se choisir une route ;
Elle mit son front dans ses mains. —


XL


« Jeune fille, tu peux choisir, n’es-tu pas belle ? »
— Lui cria dans le cœur une voix immortelle. —
» Rien ne trouble l’azur de ton ciel triomphant.
» Je m’appelle Vertu. D’autres, dans le silence,
» Inutiles à tous, méprisent l’existence...
» Viens avec moi, ma douce enfant.


XLI


» Viens, car je sais aimer le travail et la terre. »
Elle écoutait ces mots, la jeune fille austère,
Mais leur vrai sens, pour elle, était alors obscur :
Ils ne contentent pas la première détresse.
Et l’enfant hésitait, voyant, pour sa jeunesse,
Un désir plus vague et plus pur.