Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des intrinsèques images qu’ils sont censés contenir et magnétiquement effluer, — oui, c’est vrai ! tu les as prononcés ! — les enveloppant même des élégances d’emprunt de ta manière, acquise au frôler des courtisans.

Ici le comte d’Auërsperg est obligé d’élever la voix pour dominer l’effroyable et croissant fracas de la tourmente.

Mais, sous le voile de ce dont il parle, nul ne traduit, n’évoque et n’exprime jamais que lui-même.

Or, conçues par toi, imbues de ton être, pénétrées de ta voix, par ton esprit reflétées, les choses de ces paroles, à leur ressortir de ta nature et de toi proférées, ne m’arrivaient, incarnées en l’intime de ta présence, que comme autant d’effigies de toi-même — frappées en des sons neutres d’une vibration toujours étrangère à leur sens, et le démentant.

Car ces choses, fictivement incluses en des mots qui, par eux-mêmes, ne peuvent être, jamais, que virtuels, — ne me semblaient plus, songées par toi, que d’une prétendue identité avec celles, — du même nom, — dont la vivante illusion verbale m’eût peut-être charmé. Comment, en effet, les reconnaître ! Sèches, répulsives, inquiétantes, gla-