Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/185

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celant et à l’aveugle, dans les allées où flamboient ces richesses mortes. Pourquoi ? Parce qu’il n’en recevra l’investiture que du Hasard, leur unique propriétaire, aujourd’hui.

Eh bien ! nul écrit ne me livra le secret du lieu sourd, voûté de terre et d’ombre, où dort l’impérial trésor germain. Mon père ne m’est pas apparu pour me le révéler. Si donc il s’offrait à moi-même, tout à coup, sans que je me sois rendu coupable d’une seule recherche, — c’est-à-dire ayant gagné, moi aussi, de n’être pour lui qu’un passant, — au nom de quels emphatiques remords ou de quels mensongers scrupules me soustrairais-je au royal devoir de défendre sa valeur contre les bas usages où tant de vivants ne manqueraient follement pas de le profaner ? Pourquoi rejetterais-je au Destin — dont j’ai bien accepté la vie ! — le lourd présent nouveau qu’il semblerait m’enjoindre, alors, de dispenser ? Encore une fois, n’ayant rien tenté pour conquérir cet héritage, le sachant ici, je me sentirais sacré pour m’en saisir, s’il venait à moi du fond de l’Inconnu. Tout immense qu’il pût alors m’apparaître, en sa rayonnante horreur, je tiens qu’il serait pour moi… comme la bourse perdue, qu’un pèlerin heurte du pied, le soir, sur la route, — alors que ses yeux n’étaient cependant fixés que sur les étoiles !