Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/214

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gères ces paroles dont les lueurs, tant de fois, m’ont ébloui. — C’en est fait ! Quelque chose s’est passé qui m’a rappelé sur la terre. Je le sens en moi, je veux vivre !…

Maître Janus, à lui-même, regardant Axel à la lueur de la lampe

Te voici donc mûr pour l’Épreuve suprême. La vapeur du Sang versé pour de l’Or vient de t’amoindrir l’être : ses fatals effluves t’enveloppent, te pénétrant le cœur — et, sous leur influence pestilente, tu n’es plus qu’un enfant, sachant des paroles. Héritier des instincts de l’homme que tu as tué, les vieilles soifs de voluptés, de puissance et d’orgueil, respirées et résorbées en ton organisme, s’allument au plus rouge de tes veines. Ô redescendu des seuils sacrés, l’ancien mortel va ressusciter dans les méconnaissables yeux de l’Initié coupable ! C’est bien l’Heure. — Elle aussi va venir, celle qui renonça l’idéal Divin pour le secret de l’Or, comme tu vas renoncer, tout à l’heure, à tes sublimes finalités, pour ce méprisable secret. Voici donc en présence la dualité finale des deux races, élues par moi, du fond des âges, pour que soit vaincue, par la simple et virginale Humanité, la double illusion de l’Or et de l’Amour, — c’est-à-dire pour que soit fondée,