Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/225

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Tu sors de l’Immémorial. Te voici, incarné, sous des voiles d’organisme, dans une prison de rapports. — Attiré par les aimants du Désir, attract originel, si tu leur cèdes, tu épaissis les liens pénétrants qui t’enveloppent. La Sensation que ton esprit caresse va changer tes nerfs en chaînes de plomb ! Et toute cette vieille Extériorité, maligne, compliquée, inflexible — qui te guette pour se nourrir de la volition-vive de ton entité — te sèmera bientôt, poussière précieuse et consciente, en ses chimismes et ses contingences, avec la main décisive de la Mort. La Mort, c’est avoir choisi. C’est l’Impersonnel, c’est le Devenu.

Silence.

Quelque tendance confuse te presse-t-elle encore de ressaisir la vérité de ton origine ? Épouse, en toi, la destruction de la Nature. Résiste à ses aimants mortels. Sois la privation ! Renonce ! Délivre-toi. Sois ta propre victime ! Consacre-toi sur les brasiers d’amour de la Science-auguste pour y mourir, en ascète, de la mort des phénix. — Ainsi, réfléchissant l’essentielle valeur de tes jours sur la Loi, tous leurs moments, pénétrés de sa réfraction, participeront de sa pérennité. Ainsi, tu annuleras en toi, autour de toi, toute limite ! Et, oublieux à jamais de ce qui fut l’illusion de toi-même, ayant conquis l’idée, — libre enfin, — de