Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/292

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pirail. — Au rouvrir de ses yeux, Sara l’aperçoit et tressaille.
Sara, s’écriant

— Le jour ! l’aurore ! Axël !… — Regarde ! Quel avenir levant !

Elle marche vers le soupirail, écarte la draperie : le bleuissement du matin apparaît dans l’obituaire.
Le Chœur, dans les profondeurs du burg

Va ! tu nous suivras dans le grand sommeil,
Avenir ! — Buvons, puisqu’ainsi tout change ! —
Et que sonne, enfin, le clairon de l’Ange…
S’il est un réveil !

Sara, joyeuse, avec un sourire triomphant, après avoir montré d’un geste l’immense trésor et les confuses pierreries

— Partons ! c’est l’heure ; enveloppons-nous de nos manteaux. — Là-bas, sous le feuillage violet, des rayons font étinceler, déjà, nos fourrures, nos armes ; — l’attelage frappe du pied dans la rosée. Ô mon jeune amant ! comme il va nous emporter sous les branches embaumées d’orage ! Nous voici, fuyant dans une brume radieuse : — bientôt c’est une chaumière qui nous apparaît, au chant des oiseaux, avec son toit de mousse et baignée de mille perles. — Quel bonheur de boire ensemble, en nous souriant, debout, dans l’herbe parsemée