Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/304

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Il monte sur un sépulcre, près du soupirail ; et tandis que Sara caresse, distraitement, un lévrier de marbre, élevant sa main droite où rayonne son hanap tragique, il passe le bras au dehors, à travers les barreaux.

Ainsi, le ciel sera de complicité avec notre suicide !

Au loin, des voix, dans les forêts, chantent un chant du matin : ils écoutent.
Chœur des Bûcherons, dans l’éloignement

En joie ! en joie !
Sus aux grands arbres dont la mort nous donne le pain !
Aux approches matinales, sous les ombrages d’or,
Bûcheron, réveilleur des oiseaux, écoute !
Le vent, les voix, les feuilles, les ailes !
Tout chante, au fond des bois :
Gloire à Dieu !

Sara

Les entends-tu ? Dieu ? disent-ils ! — Eux aussi, les tueurs de forêts !

Axël

Laisse une belle syllabe tomber en paix dans l’âme des derniers bois !

Sara, pensive, comme à elle-même.

J’ai tenu la hache, aussi ! mais — je n’ai pas frappé.

Dans les plaines, appels, fanfares.