Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
diacre, sous le dais de pourpre noire brodée d’ossements d’or, que tiennent, long voilées, quatre des plus âgées Mères tutrices de l’Abbaye, descend vers Sara toujours prosternée. — L’orgue s’arrête.


L’Archidiacre

Si celle qui, déjà morte pour la terre et gisante ici, devant la face de Dieu, répudie à jamais les misérables joies que peuvent offrir la chair et le sang, qu’elle soit la bienvenue au pied de l’autel !

Sœur Aloyse, montrant de ses deux mains Sara
Ecce ancilla Dei.


À ce mot, et pendant le silence qui suit, sœur Laudation, sur un signe de l’Abbesse, s’approche de sœur Aloyse et lui remet les grands ciseaux d’argent. Sœur Aloyse les reçoit, et, glacée, ferme les yeux.


L’Archidiacre, s’arrêtant sur la troisième marche, à Sara

Es-tu bien cette appelée d’en-Haut, qui veut vivre sous l’humble chasteté qui nous illumine ? celle qui veut s’écrier vers le Trône avec Cœcilia : « Fiat cor meum immaculatum ut non confundar ! » celle qui, dans peu de jours, couchée sur les belles ailes de la Mort, s’enfuira, d’une envolée très sainte, vers les esprits embrasés d’amour et de lumière, les beata Seraphim dont parle le pieux Aréopagite ? Ô femme ! si tu viens en obla-