Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/116

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Lorsqu’il reparut deux heures après, suivi de trois docteurs qu’accompagnaient des gardiens munis de cordes — (car on doit le constater à sa louange, quand il s’agit de rendre ces sortes de services aux intelligences artistiques à force de misère troublées, le Bourgeois sait se dévouer, — outre mesure, même ; — et ne regarde alors ni à son temps ni à la dépense !) — lorsque, disons-nous, le noble cœur revint avec son escorte, le désolant fol avait disparu.

Des policiers, mal informés sans nul doute — (nous ne mentionnons leur témoignage que pour mémoire) — ont prétendu, au cours de l’enquête, que l’exalté s’était dirigé, tranquillement, — quelques instants après la fugue de son « ami », — vers la gare de Strasbourg et qu’il avait pris, sans trop se faire remarquer, le train de 9 h. 40 pour l’Allemagne.


Depuis, naturellement, on n’a plus entendu parler de lui.


Aujourd’hui, son Bienfaiteur parisien (qui, le suivant semestre, reçut un mandat de deux cents francs d’un débiteur anonyme) se demande encore, parfois, non sans un soupir et un attristé sourire, en quel cabanon d’aliénés les « gens sérieux » de là-bas ont dû renfermer, dès l’arrivée, son pauvre monomane « qui, souvent, l’avait amusé, après tout ! — et dont il a oublié le nom ». — Il ne regrette pas, ajoute-t-il, même, de l’avoir nourri, non