Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/164

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— Dois-je vous féliciter ? réplique, non sans un sourire assez infatué, l’interlocuteur.

— Peuh !… S’il faut tout dire, je lui préfère encore cette délicieuse du Deffant. — Quant à Ninon…

(Le reste s’achève à voix basse et le bras passé sous celui du confident.)

— Soit ! reprend alors celui-ci, les yeux au ciel, mais Sévigné, mon cher !… ah ! cette Sévigné !…

(On marche ensemble, sous les vieux ombrages ; la nuit va bleuir et s’allumer.)

— Aujourd’hui même, je dois l’attendre, sur les neuf heures, ainsi que la Parabère, bien que ce diable de régent…

— Tous mes compliments, mon bien cher. Oui, ne sortons plus du grand siècle. Je ne compte, sur mes tablettes, que trois adorées du très ancien temps, moi : premièrement Héloïse…

— Chut !

— Ensuite, Marguerite de Bourgogne.

— Brrr !

— Enfin, Marie Stuart.

— Hélas !

— Eh bien, j’ai reconnu que le charme de ces dames de jadis le cédait à celui des dames de naguère.

Ce disant, l’étonnant blasé pirouette sur un talon — qu’empourpre, ou rubéfie, parfois, au travers des branchages plaintifs, quelque dernier rayon du soir.

— Restons, désormais, dans les Watteau ! con-