Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chiste en embrassant le charmant petit être, — oui, cela ressemble à ces haricots explosifs auxquels vous jouerez pendant huit jours, dès qu’ils seront distribués au bas âge comme petits Noëls. Ton invention pourrait, au moins, éborgner, écloper même, je l’accorde, quelques centaines de cordons-bleus : soit ! — mais… après ?

— Papa ! mon petit papa !… je viens d’apprendre, à la récréation, que, — portée par l’air et le vent, — une seule inhalation de certain alcaloïde, inventé d’hier, est mortelle à la minute même. Cela s’extrait, figure-toi, des vieilles pommes de terre, coûte dix sous (c’est un précipité des plus faciles à obtenir), et cela vous décompose le sang comme une piqûre au cyanhydrique. L’on pourrait en laisser tomber, négligemment, un flacon, par inadvertance, au cours d’une fête, l’hiver prochain, dans les salons de tel ministère, hein, — pour ne rien dire de plus ?

— Chère tête blonde, répondait, avec attendrissement, le prolétaire, — le résultat, vois-tu, serait aussi douteux qu’avec les arsénieux, le muriatique, les phosphures et le reste des infectants connus. La concentration se dissipe, hélas ! si vite. Vingt cavaliers et leurs dames, pris d’étourdissements, — succombant, même, si tu y tiens ! — Soit ! Et après ? Va, ce serait d’une aussi impratique folie que le projet d’inflamber les tuyaux de gaz ou de miner les catacombes. Tu es dans l’âge des illusions,..

— Papa ! papa ! figure-toi qu’en passant au