Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/193

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variantes près ; ainsi le moderne archer reprend en ces termes :


« Portons, sans bruit, la table contre le mur, sous le châssis de votre fenêtre. »

L’instant d’après, l’inconnu, debout sur la table, ouvre, regarde au dehors — et renverse, doucement, le châssis derrière sa tête sur la toiture.

« Quel brouillard ! on ne distingue les vastes croisées de notre Hôtel national, — tout flambant neuf, — que grâce à ces points de lumière électrique… et vos voisins ne me verraient pas.

« Les journaux ont bien raison de nous prévenir la veille de la température presque certaine du lendemain ! Nous savons en profiter. Entendez-vous d’ici les musiques ? Cela fait rêver, je trouve. Mais il me semble que l’orchestre manque d’un instrument : nous allons y suppléer. — Ah ! voici trois spéciaux coups de sifflet qui m’annoncent que nos gouvernants, en grande partie, honorent, en ce moment, de leurs présentes, la solennité. Fort bien. Les salons tout en lumières, les buffets, les vestibules et couloirs doivent être pleins à étouffer ! C’est ce qu’il faut. — Onze heures et quart !… En cet instant précis, — grâce à nos affiliés volontaires, dans l’armée, à Paris, — partent, sous les lits des dortoirs, dans les grandes casernes, de puissants jets irrigants, de longues lignées de certains acides qui, une fois respirés ne pardonnent point : j’estime à vingt mille, environ, le nombre de ceux que la diane trouvera immobiles, à