Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/243

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qu’elle soit appliquée après ? La discrétion des exécutés dispense de les rendre aphones — en sorte que la délicate sensibilité des oreilles doctorales se trouve ménagée. Certes, à cet énoncé, Beccaria jetterait un cri de stupeur — Torquemada, dépassé en rigueurs par le paterne Progrès, reculerait, humilié. Mais qu’importent à l’esprit d’investigation ces scrupules… puérils, puisqu’ils ne sont pas à la mode ? L’Humanité toujours future avant tout ! L’individu présent n’est rien : découvrir à quelque prix que ce soit ! pourquoi pas ? Telle est la devise de cette époque de lumière, justice et de fraternité. Donc, passons.


De l’ensemble de ces inquiètes recherches, il paraîtrait que d’assez positives préventions viennent de s’élever touchant on ne sait quelle possibilité de surexistence brève, au moins en certains cas de décollation. Le fil du Couteau-justicier ne scinderait pas en deux la Pensée-vive, paraît-il, et le passage par la guillotine ne serait qu’une opération comme tant d’autres, mortelle à plus courte échéance — pas instantanément. Enfin, pour s’exprimer sans ambiguïté, les restes d’un décapité, aussitôt après la chute du glaive, ne seraient, assez souvent, que ceux d’un agonisant, non pas encore ceux d’un défunt.

Telle est, du moins, l’impression qui ressort, pour tout esprit réfléchi, des Études sur les mouvements réflexes, de MM. Suë et Sédillot à Claude Bernard, de Claude Bernard à MM. Brown-Séquard et