Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/246

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Eh bien, puisque d’une part, lorsqu’il s’agit d’une œuvre de salut, l’Église n’hésite pas à s’adjoindre les ressources de la Science, et que, maintes fois, le Souverain Pontife accepta le secours… par exemple de l’électricité (cette apparente humiliation du tonnerre), pour expédier « par dépêche contrôlée » l’Absolution papale à d’augustes moribonds, voire à de simples personnages pieux, — puisque, d’autre part, le prêtre, tardivement appelé au chevet d’un agonisant évanoui, demande, tous les jours, au médecin « si la Science ne peut faire ouvrir les yeux, un seul instant, à ce malade en délire, — le temps, seulement, de lui offrir l’Absolution… et puisque, enfin, le chrétien part de cet éternel principe que, la Clémence de Dieu étant sans bornes, bien osé serait celui qui (pauvre ombre obscure, demain disparue, de tous oubliée), prétendrait, dans le temps, au nom de sa Raison d’un jour, assigner une limite à la Bonté-Libératrice, — oui, j’avoue, humblement, ne pas bien apercevoir en vertu de quel motif précis, clair, nettement exprimé, le Christianisme, ici, pour la première fois, se refuserait à suivre la Science — même sur l’extravagant terrain qu’elle vient de se choisir.

Depuis bientôt deux mille années, il a prouvé que les plus triviales railleries, les vains étonnements, les sarcastiques objections n’entravaient guère ses décisions sûres et qu’il n’a que faire d’être sanctionné par le prétendu Sens-commun de telles ou telles majorités. — En conséquence, au cas où la