Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/268

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Ah ! s’il faut tout dire, c’est qu’aussi le major des Nénuphars a fait les choses en grand seigneur et n’a rien négligé de ce qui pouvait rassurer ou satisfaire sa clientèle innombrable !

Ainsi des locaux spéciaux sont affectés aux rendez-vous suprêmes : des traités passés avec divers hôtels en vogue assurent, désormais, aux époux outragés (qui affluent) un accès facile, commode et même agréable de la chambre illégale.

Des pavillons, faciles à cerner, ornés à l’intérieur des dons les plus rares de Flore, sont mis à la disposition des divorceuses. Le mari survient, sur lettre anonyme rédigée de manière à faire bondir les plus rassis. Pour éviter d’inutiles dangers, les commissaires de police des quartiers ramifiés à l’Agence sont toujours prévenus à temps, par téléphone, et viennent offrir leurs secours, comme par hasard, dès le seuil des pavillons, aux maris hors d’eux-mêmes, — ce qui entraîne le divorce presque d’office.

Ainsi, plus de fuites précipitées sur les toits, plus de ridicules effets de balcons, plus de refroidissements ni de coups de feu démodés. Tout se passe avec une distinction parfaite, ce qui constitue un progrès réel, une flatteuse conquête sur les barbares d’autrefois.

En attendant l’apparition conjugale, nos héros lisent à ces dames quelques morceaux choisis de nos bons auteurs — ou leur racontent des histoires.

Des coiffeurs de premier ordre ont dressé à l’avance,