Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/102

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personnes qui tuent, par goût, des cinquantaines de lions, à elles seules ? — Quel étonnement marquerait la physionomie d’Esculape s’il daignait jeter les yeux sur nos traités d’anatomie, de physiologie, de médecine pratique et de chirurgie ?… Les muses ? — Mais n’avons-nous pas des femmes de lettres, des cantatrices, des danseuses et des tragédiennes vis-à-vis desquelles la comparaison ne serait peut-être pas à leur avantage ? — Parlerons-nous d’Éros, de l’anacréontique Éros ? Le pathologiste moderne se trouve en mesure d’accorder mensuellement aux vieillards dissolus la permission de déposer leur « modique offrande sur l’autel de Vénus. » Et, quant à Vénus, nous la croyons sinon vieillie, du moins surfaite : la terre a plus de Vénus réelles que l’Olympe n’en peut fournir. Celui auquel il a été donné de voir, de plus ou de moins près, certaines femmes d’Angleterre, de Circassie, d’Italie et de Pologne, — voire même de France, — n’admet guère la supériorité de Vénus. Quant à l’Empyrée, une feuille de chanvre arabe dans un cigare, trois pastilles de haschich égyptien sur la langue ou quelques gouttes d’opium brun dans la