Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/116

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pôles, une saccade volcanique, un de ces tremblements qui sont les accidents périodiques du globe,

    tiers une grande différence entre leur niveau philosophique et le nôtre. Reste à savoir si le calme au sujet de l’idée de Dieu est un progrès, ce que personne ne pourrait démontrer d’une manière très-nette. L’immensité leur était aussi bien inconnue qu’elle est inconnue pour nous autres ! et, en se rappelant le moindre détail d’astronomie, on s’aperçoit qu’ils s’occupaient, avec méthode et ferveur, de la grande question. — Par exemple, il y a deux mille ans, — pour citer un fait entre mille, — l’observateur d’Alexandrie, ayant inventé la sphère armillaire moderne et fixé, par à peu près, l’obliquité de l’écliptique, obtenait pour l’arc du méridien compris entre les tropiques une expression où la science actuelle précise à peine une inexactitude à peu près insignifiante. En vérité, les pas que nous avons faits dans presque toutes les sciences pourraient se représenter par les deux petites virgules de différence entre un calcul de vingt siècles et le nôtre. Il y a quatre mille deux cents ans, les Chaldéens trouvaient leur triple zaros lunaire après des calculs nécessairement assez compliqués.

    Les Juifs étaient fort au courant de la période de nos années, qu’on prétend avoir été découverte par nous ne savons plus quel moine scythe ou lapon en l’an 500 de notre ère : il suffit de jeter les yeux sur leurs livres pour le voir. — Il y a trois mille ans, les Chinois remarquaient la mobilité de l’écliptique en observant l’aiguille d’un cadran solaire, et l’invention de ce cadran se perd dans la nuit de l’histoire. Il y a deux mille deux cents ans, les Babyloniens en découvraient encore d’ingénieuses variétés. La découverte des précessions équinoxiales date de deux mille trois cents ans ; sans le prétendu hasard qui nous a fait « découvrir » l’optique, il y a cinq siècles (laquelle remonte à trois mille ans d’après les traités d’optique de Ptolémée), et, par suite, la science des réfractions de la lumière, nous ne saurions pas grand’chose de plus que les anciens en astronomie.