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guilhé, comme les sultanes des sérails. Elle aimait à rêver aux golfes de la Grèce, aux temples des dieux des vieux âges, et à ses verdoyantes montagnes païennes. Humble, elle se souvenait encore de son pays, bien que son pays n’eût eu pour son enfance qu’une amère hospitalité, et comme sa pensée, à cause de l’air où respirait Tullia Fabriana, s’était élevée aussi, tranquillement, elle ne se rappelait son pays que pour se souvenir de la beauté de son ciel, de sa pauvreté fière, des ruines qui avaient accueilli son enfance, de la gloire des guerriers morts dans les temps anciens et de la liberté perdue.

Ainsi vivait Xoryl, fidèle et taciturne.

Parfois on lui donnait des perles, des diamants ou des bracelets de sequins, en lui disant dans le doux langage d’Athènes et après un baiser sur le front :

— Tu es libre de me quitter, Xoryl ; te souviendras-tu de moi quand tu seras dans ton pays ?

Ce à quoi Xoryl souriait, sans répondre, en la regardant naïvement avec des yeux humides.

Le fez de cachemire noir dont le gland d’or ondu-