Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/210

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chent sans avoir de pays : donne-moi ta main, tu verras. » Cette phrase me fit sourire ; j’ôtai l’un de mes gants, et, à cause de l’obscurité, je tins, au-dessus de la main ouverte que je lui présentai, l’amulette qui éclaire les abîmes. Au premier symptôme de saisissement qui parut sur ses traits — (sans doute à la vue du signe d’Isis au sommet du mont de Saturne ainsi que des puissances constellées qui couvrent le doigt d’Hermès et toute la percussion de ma main), — j’étendis cette main vers elle. Les paupières de l’enfant battirent ; elle roula endormie sur l’herbe ; je rendis les rênes et je disparus dans les ténèbres. »

Tullia Fabriana s’arrêta ; puis elle murmura vaguement :

— Ce voyage m’a fait connaître une plaine de bataille dont j’aurai peut-être à me souvenir un jour.

Elle reprit sa lecture.

« Quelque temps après (j’ignore sous quels parallèles des frontières d’Asie je me trouvais lorsque ceci m’arriva), j’avais passé les montagnes et j’étais, par une claire nuit d’Orient, dans une profonde et