Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/236

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dont les yeux immobiles s’attachaient sur lui, les attraits de cette femme qui le transportait d’amour, et qui, avec les seules et profondes harmonies de sa voix, lui bouleversait frénétiquement le cœur, tout cela ne formait-il pas l’ensemble de quelque magnifique rêve oriental comme l’une de ces fictions créées par la lecture des sourates du Koran, où le prophète parle de pavillons et de péris mystérieuses ?… Il frémit, et ses yeux se fermèrent à la dernière strophe.

Quelques moments après, en rouvrant les yeux, ses regards tombèrent sur la lampe. Ils se fixèrent sur sa lumière reflétée par les vases d’or avec un pénible sentiment de solitude.

Que s’était-il donc passé ?

Pareil à ce Simbad des légendes de l’Asie, le jeune homme était transporté dans les pays du prestige, des rêves, des merveilles et des pressentiments. L’immense chambre ressemblait à celle où la reine Cléopâtre laissait entrer ceux qu’elle remarquait ; derrière la porte veillait peut-être silencieusement le grand bourreau nubien aux muscles de bronze et à la hache dangereuse. Les