Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/49

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versé l’univers qu’avec des simplicités de ce genre, parce que ce sont à peu près les seules exactitudes de la vie et qu’on n’y revient (chose réellement mystérieuse) qu’après avoir fait le tour de l’existence. Ouvrez les quelques livres laissés par les grands hommes, comme ces Bibles, ces Koran, etc., vous y trouverez des ingénuités surprenantes, des choses que vous vous seriez dites cent fois de vous-même : « Aimez-vous les uns les autres ! Ne faites pas à autrui…, etc. » « Il n’est d’autre Dieu que Dieu ! etc. » et mille variantes. Vous vous demanderez alors comment, avec des phrases de cette naïveté, des phrases écrites dans le fond de toutes les consciences, on a pu transfigurer les sociétés humaines et s’ériger en prophète ou en Dieu. Le penseur ne s’arrête pas à ces paroles : il les trouve trop simples ; il oublie souvent que la foi n’est pas une conviction, mais un acte : l’acte de s’assimiler le plus d’évidences divines possible, chacun dans le moment et suivant la sphère où il se trouve.

Ah ! si vous saviez comme une parole, en apparence banale, contient de puissances, terribles et marche vite ! Voyez : cinq parties composent la