Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/44

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26 ACTE PREMIER Lord Cecil Finissons-en, madame. — Que demandez-vous ? Mistress Andrews, dont les yeux s’allument parfois J’achève ; lady Cecil devant compter les instants. — Un jour donc, il y a quatre mois, à Mont-Vernon, je pris cette décision bien réfléchie de venir... (Sinistre.) me défaire de Ruth Moore, que je croyais encore une jeune fille. Je prétextai, brusquement, un voyage pour un district éloigné. Je m’embarquai pour l’Irlande. — Personne, en Amérique, ne me sait ici. J’étais venue pour frapper et repartir. (Un bref silence.) A mon arrivée à Dublin, j’appris le mariage de Ruth, devenue pairesse d’Angleterre. Je tressaillis de joie ! Ceci passait mon espoir. Un meurtre n’était plus né- cessaire. — Mais... une défiance, un pressentiment, me firent m’enquérir davantage. — J’appris sa vie solitaire ici, à Swinmore. De Londres, on m’écrivit la nouvelle de cette instance en divorce que vous aviez formée entre les mains du Lord Chancelier. Je compris tout. — Monseigneur, les chasseresses de mon pays sont habiles à suivre les traces : j’ai suivi toutes les vôtres — et me voici. (Un silence.) Pro- noncez, maintenant. Lord Cecil, à part, profondément pensif On l’aime donc à ce point ? Elle m’aurait menti ? — Ah ! misérable nature humaine ! Tout à l’heure, quand je la voyais solitaire à jamais, je la quittais sans un frémissement et maintenant... Mistress Andrews, à part Allons, la jalousie s’éveille ? (Avec un haussement d’épaules) — Il va l’aimer !