Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/63

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LE NOUVEAU-MONDE 45 Mistress Andrews, lui saisissant le bras Non !... (Voyant Moscone sourire) : Ah ! que pas un cheveu ne tombe de sa tète, ou malheur à toi, Moscone !... (Terrible) Tu connais le fouet du bourreau ! — Ah ! tu m’entends, n’est-ce pas ? Cette fois, je ne pourrais plus te préserver. (A part, haussant les épaules.) Un coup de poignard ! Je l’eusse donné moi-même, — et j’espère bien qu’un jour je ne confierai à personne le soin de cette joie. (Rêvant) Mais non : aujourd’hui, j’ai juré à lord Cecil de respecter les jours de sa femme... comme je lui ai arraché la promesse de ne pas attenter à la vie de Stephen. — C’est un pacte que nous devons remplir tous deux : — et nous tiendrons tous deux parole. Moscone, qui regarde avec étonnement la rêverie de mistress Andrews Alors, spécifiez, mistress Andrews. Mistress Andrews, haut Il faut qu’avant la nuit elle soit à bord de notre sloop et, dans huit jours, à Boston, au palais du gouverneur de la Virginie, (plus bas) qui est, en réalité, lord Cecil lui- même, désormais. Moscone, tressaillant Ohimè ! L’enlever ! Devant l’équipage ? Y songez-vous ? C’est impossible ! (Grave, et reculant d’un pas.) Ma, vous voulez donc nous faire écharper sans motif ? Mistress Andrews, le regardant fixement Impossible ?... Tu as fait mieux.— C’est un coup de main ; voilà tout ! Rappelle-toi Venise et Rome. Tu es expéditif ; réfléchis. Vous aurez pour vous le brouillard et le crépuscule. — Toi, reculer !... Ce serait la première fois. Tu trouveras bien quelque ruse terrible, italien !