Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/65

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LE NOUVEAU-MONDE 4T Angur qui jouait du couteau, comme Grisby joue de la flûte, — en virtuose ! Gigax, que les colonies atten- daient avec moins d’impatience qu’il n’en avait lui-même d’y aborder, et pour cause ; — Pagnol !... Oh ! l'irréprocha- ble ! —Et le petit Nell, que j’oubliais !... Ingrat ! (Il se frappe la poitrine.) Bob, qui s’est frotté les yeux depuis un instant et qui regarde Moscone Et ton vieux Bob, n’est-ce pas Moscone ? MOSCONE, se retournant, stupéfait Bob !... Bop Upfill ! BOB Moi-même. (Lui ouvrant les bras.) Salut à l’héritier des époux de l’Adriatique ! MOSCONE Bob !... Ma oui, c’est bien lui ! Ils s’embrassent Tu n’es pas encore pendu ? J’en pleure de joie et de sur- prise  ? BOB, flatté Sèche tes larmes, caïman : prends patience. Moscone Ah ! ça, que diantre fais-tu ici , en Amérique ? toi que j’ai laissé sous une table , par un minuit d’automne , il y a quelques trois ans, dans un bar de la cité de Londres ? BOB, gêné et d’un ton dégagé Houh ! l’on a boucané, un peu, dans l’Ouest... Chien de métier ! — Le buffalo ne vaut pas toujours ce qu’il coule... — Mais, voyons, mon vieux Moscone, j’ai là encore une bou- teille pleine ! et de vieux rhum des îles ! et boire, vois-tu, cela cimente l’amitié entre natures supérieures. Voici des cigares de nègres, vrais havanes ; fumons et causons.