Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/70

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52 ACTE DEUXIEME Bob, lampant une gorgée de rhum ... et boit la rosée bienfaisante du soir. — Tiens, c’est la faute de ce pays ! — Des puritains, des colons d’Ecosse et d’Irlande qui cachent, sous des dehors de commerçants, d’arpenteurs et de gens pratiques, — des idées... de l’autre monde. — Mosconetto, tous ces gens-là croient aux signes, aux revenants, — à des histoires !... MOSCONE Aux revenants ?— Que me chantes-tu là ? BOB Je te dis que les gens d’ici croient que , quand on est mort, — eh bien ! on n’est pas tout à fait mort. Bob et Moscone, après un silence, éclatent de rire en se renversant sur leurs chaises et en se tenant les côtes. Leur hilarité se prolonge durant quelques minutes. Enfin, Bob recouvre le premier l’usage de la parole : continuant Il y a aussi des quakers qui travaillent on chantant des psaumes, qui ne jurent jamais, qui tutoient tout le monde, et qui ont des yeux de lynx. Il guette une bourse visible à demi, au bord de l’une des poches de Moscone. MOSCONE , lui frappant sur le ventre Mais les femmes, Bob, les femmes ? Bob, lugubre Ah, mon ami ! Quelles mœurs ! MOSCONE, se trompant sur l’intonation de Bob Là ! Je savais bien. Tu n’es pas aussi... corrompu que tu t’accusais de l’être. Bob Tu ne comprends pas. Des mœurs d’une austérité — ridi- culement contagieuse, — et d’une pureté... qui me démora- lise. (Il enlève prestement la bourse de Moscone.)