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fraises hybrides.

rameaux très minces et allongés, qui, à l’extrémité d’une portion nue et semblable à un morceau de ficelle plus ou moins long, présentent un bouquet de feuilles porté sur un renflement qui émet promptement des racines et se fixe au sol à une légère distance de la plante mère. Dans les grosses fraises, les coulants ne s’arrêtent pas après s’être enracinés une première fois, mais ils portent jusqu’à quatre ou cinq bouquets de feuilles qui se développent et s’enracinent les uns après les autres, si les conditions sont favorables à leur végétation. Les coulants commencent à se montrer au moment de la floraison et continuent à s’allonger pendant toute la belle saison ; il s’en développe même de nouveaux pendant tout l’été, surtout si les premiers ont été supprimés.

Vers le mois d’août, les premiers plants provenant des filets sont enracinés et assez forts pour être plantés. On les met alors en place, soit en bordures, soit en planches contenant trois ou quatre rangs de fraisiers espacés d’environ 0m,50 en tous sens. La terre doit avoir été bien travaillée et bien fumée avant la plantation et recouverte d’un bon paillis. Dès le printemps suivant, les jeunes plants commencent à produire, et les fruits sont d’autant plus abondants et plus beaux que les coulants sont supprimés avec plus de soin. Aussitôt que les premiers fruits sont formés, il est bon de placer à la surface de la terre, soit de la paille longue, soit des ardoises ou des tuiles, pour défendre les jeunes fruits du contact du sol humide ; ils mûrissent ainsi un peu plus rapidement, et surtout restent propres, même après les pluies abondantes.

Une planche de fraisiers reste ordinairement bien productive pendant deux ou trois saisons ; il faut, dès la seconde année de production, s’occuper de la remplacer pour avoir toujours une plantation jeune et en plein rapport Les filets les plus faibles et ceux qui se sont développés le plus tard à l’automne peuvent être conservés en pépinière pour être mis en place au printemps ; mais il ne faut pas espérer en obtenir de fruits avant la seconde année de plantation.

La culture forcée des grosses fraises se fait quelquefois en serre, plus habituellement en bâches chauffées au thermosiphon. On élève en pots les plantes destinées à subir cette culture, et on les soumet à l’action de la chaleur artificielle à partir de la fin du mois d’octobre et successivement, jusqu’à la saison où les fraises commencent à mûrir en pleine terre. En laissant se développer les premiers coulants des fraisiers cultivés en pleine terre, en les pinçant après le premier nœud, et en faisant enraciner la jeune plante, non pas dans le sol même de la planche, mais dans un godet rempli de bonne terre, on peut obtenir des pieds de fraisiers assez avancés pour qu’après un rempotage à l’automne, ils puissent être forcés dès l’hiver suivant. Ce même procédé peut être employé pour avancer les fraisiers destinés à la plantation en pleine terre.

Les variétés de grosses fraises qui conviennent le mieux à la culture forcée sont : la Princesse royale, la Marguerite, la Vicomtesse Héricart de Thury, la Constante ; et dans les variétés étrangères : la Black Prince, Keen’s seedling et British Qusen.

Usage. — Le fruit se mange frais ; on l’emploie aussi cuit, sous forme de confitures ou de conserves.