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melon

ou moins marquées suivant les variétés. Les graines, lisses, habituellement blanches ou jaunâtres, plates et oblongues, de grosseur très variable, sont réunies au centre du fruit, dans une pulpe très aqueuse et pleine de filaments mous, qui sont leurs cordons nourriciers. La chair propre du fruit est toujours aqueuse, sucrée, ordinairement très parfumée ; la couleur en est verte, blanche ou orangée. Le litre de graines pèse à peu près 360 grammes, et un gramme en contient 35 en moyenne, un peu plus dans les melons à petits fruits et un peu moins dans ceux dont le fruit est très gros, quoique la relation entre le volume des fruits et la grosseur des graines ne soit pas constante. La durée germinative des graines de melon est au moins de cinq années, elle dépasse souvent dix ans.

Culture. — Les melons, comme la plupart des cucurbitacées, demandent un terrain très fertile pour prospérer et produire de beaux fruits ; ils ne réussissent en pleine terre que dans les alluvions très riches ou dans les sols abondamment fumés. Dans tout le nord de l’Europe, on ne les cultive que très exceptionnellement en pleine terre, c’est sur couches qu’on les obtient ordinairement ; c’est donc de leur culture sur couches ou forcée qu’on aura principalement à s’occuper.

Le melon demande pour végéter une température élevée ; elle doit être presque constamment supérieure à 12 degrés centigrades, et la qualité des fruits est d’autant meilleure que, vers l’époque de leur maturité, la température moyenne s’est maintenue plus élevée. Dans les conditions les plus favorables, la végétation complète de la plante demande quatre à cinq mois pour s’accomplir ; on voit par là que, sous le climat de Paris, on n’est jamais absolument sûr d’obtenir des melons mûrs sans l’emploi de la chaleur artificielle : l’usage des couches est, pour ce motif, tout à fait général. Pendant neuf ou dix mois de l’année, les maraîchers des environs de Paris ont des melons en culture, et pendant six mois pleins ils ne cessent de récolter des fruits mûrs. Par le seul fait des réchauds de fumier, tous les melons sont, à proprement parler, forcés, puisqu’on leur fournit une somme de chaleur supérieure à celle que reçoivent les cultures de pleine terre ; cependant l’usage a fait adopter la désignation de culture forcée pour celle qui se commence dès le mois de janvier, et a pour but d’obtenir des fruits en mai. On appelle culture de primeur celle dont les produits arrivent à maturité en juin et au commencement de juillet ; enfin, on appelle melons de saison ceux qu’on récolte de la fin de juillet au mois d’octobre. Les détails de culture ne sont pas tout à fait les mêmes pour ces trois saisons, et ce ne sont pas non plus d’ordinaire les mêmes variétés qu’on y emploie.

Culture forcée. — La culture forcée des melons commence, comme on vient de le voir, dès le mois de janvier ; on l’applique ordinairement à Paris au Cantaloup Prescott petit hâtif à châssis et au Cantaloup noir des Carmes. Le semis se fait sur couche chaude dans le courant de janvier ; le repiquage se fait également sur couche dans la quatrième semaine qui suit le semis : on met environ de cent vingt à cent trente melons par châssis. Pendant toute cette première partie de la végétation, les melons réclament des soins constants, qui se résument adonner de l’air toutes les fois que cela est possible, quelques bassinages, et surtout à éviter la condensation de trop d’humidité