Page:Vilmorin-Andrieux - Les plantes potagères, 1883.djvu/504

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
479
pomme de terre.

développés par les tubercules dans l’obscurité : leur apparence et leur couleur sont très constantes, et permettent de reconnaître assez sûrement les variétés les unes des autres. Nous croyons que peu de caractères ont autant d’importance que celui-là pour la détermination des variétés, et nous en parlions en ces termes dans un ouvrage publié récemment[1] :

« Que les tubercules aient pris tout leur accroissement, ou au contraire qu’ils soient restés petits et chétifs à l’excès ; qu’ils aient ou non atteint leur complète maturité ; qu’ils soient même sains ou malades, pourvu qu’il leur reste assez de vie pour commencer à végéter, les germes se développent toujours semblables à eux-mêmes avec la même apparence et la même couleur dans une même variété. »

À condition, bien entendu, que le tubercule n’ait été exposé, ni avant, ni pendant la croissance du germe, à l’influence prolongée de la lumière.

Culture. — Pour la culture en pleine terre, les pommes de terre se plantent ordinairement dans le courant du mois d’avril en poquets espacés en tous sens de 0m,40 à 1m,20, selon le développement que prennent les différentes variétés. Les tubercules entiers, mais de dimensions moyennes, sont les plus avantageux à employer comme semence. Ils doivent être recouverts, au moment de la plantation, d’environ 0m,10 à 0m,12 de terre. On est dans l’usage de les butter lorsque les tiges sont sorties de terre d’environ 0m,15 à 0m,20, en même temps qu’on donne le second binage. Le buttage n’est pas indispensable, mais il a l’avantage de faire que les tubercules sont mieux ramassés au pied de la plante, et que l’arrachage devient plus facile. Les pommes de terre mûrissent, ou du moins deviennent bonnes à consommer, suivant les variétés, depuis le commencement de juin jusqu’à la fin d’octobre.

Quand les tubercules destinés à la plantation ont pu être exposés d’avance à l’influence de l’air et de la lumière, la végétation en est ordinairement d’autant plus vigoureuse et plus hâtive. Mais il faut, dans ce cas, beaucoup d’attention au moment de la plantation, pour ne pas briser les germes qui ont commencé à se développer.

La plantation des pommes de terre à l’automne présente quelques avantages ; les cultures ainsi faites donnent généralement un rendement un peu plus fort, à égalité de surface et de semence employée, que les plantations de printemps. Par contre, la semence est parfois exposée à périr en terre dans les hivers très froids ou trop humides, et en outre la plantation doit se faire en octobre ou novembre, c’est-à-dire à une saison où il y a presque toujours beaucoup à faire dans les jardins ou dans les champs.

La culture forcée des pommes de terre se fait sous châssis et sur couche plus ou moins chaude. On peut la commencer dès le mois de décembre ou de janvier, et continuer les plantations de mois en mois, jusque dans le courant de mars. On emploie surtout pour cette culture la P. de terre Marjolin hâtive, dont les fanes sont très peu développées. On peut commencer à arracher des tubercules deux mois et demi ou trois mois après la plantation.

Usage. — On mange les tubercules, jeunes ou mûrs. Ils sont aussi employés à l’alimentation des animaux et à la fabrication de la fécule.

  1. Essai d'un catalogue méthodique et synonymique des principales variétés de pomme de terre, pur Henry Vilmorin. Paris, 1881.