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qui tombent dans les bas-fonds de la société, où elles allument des feux souterrains.

En France on ne lit qu’à demi.

Le mal est profond. Est-il guérissable ? nous l’espérons, car le remède existe. Il est dans le couronnement de l’éducation. Ce qui n’est pas moins évident, c’est que le haut enseignement du Collége de France et de la Sorbonne, par ses limites mêmes, est loin de pouvoir suffire aux exigences morales d’une société comme la nôtre, où tout est confusion et doit être confusion à la suite de nos malheurs ; où tout est horriblement compliqué, parce que peu de choses sont à leur place ; où tout est mis en question, parce que l’arrogance des esprits y remplace trop souvent les lumières et le sentiment du devoir. Si je m’incline devant le talent des professeurs, devant leur célébrité européenne, je suis obligé, comme vous, de reconnaître qu’ils ne peuvent rien pour transformer une institution créée pour d’autres générations, et dont l’objectif d’ailleurs diffère singulièrement du nôtre. Non, ce ne sera point au Collége de France que se refera ce que vous appelez si justement une tête de nation.

À quoi tendons-nous ? À combler les lacunes d’un enseignement de haute volée, mais sans unité, enseignement purement scientifique, et dont beaucoup de branches d’études, malgré tout, sont exclues. Notre désir, c’est de faire entrer dans la dernière période de l’éducation les sciences politiques et sociales ; nous voulons, aidés par l’unité de direction, créer un vaste et élastique ensemble, un tout harmonieux qui embrasse la vie et la société modernes. Nous voulons sur-