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années, il se passionna pour les arts mécaniques, travailla de ses mains et que son esprit chercheur le dirigea toute sa vie vers un but qui le ruina, mais lui donna l’immortalité.

Son idée constante était de trouver un moyen d’abréger le travail si long des copistes et de vulgariser la pensée, en facilitant la reproduction des signes conventionnels sur le papier.

Des troubles survenus à Mayence, entre la bourgeoisie et la noblesse, l’obligèrent à émigrer ; il s’établit, vers 1424, à Strasbourg avec sa famille et, dès qu’il eut trouvé un peu de tranquillité, reprit ses projets pour ne plus les abandonner.

La xylographique avait donné tout ce qu’on pouvait attendre d’elle ; donc il fallait demander ailleurs[1].

Gutenberg s’adressa aux lettres moulées ; mais comment les employer ?

Comment rendre pratique le moyen coûteux qu’il rêvait ?

Que de choses accessoires autour de ces petits morceaux de plomb qu’il roulait dans ses doigts !

M. Didot nous fait suivre l’éclosion de sa pensée à travers les phases suivantes ; c’est effrayant quand il n’y a pas d’antécédents :

« Lettres gravées sur bois, puis en plomb, et ajustées pour l’impression ; fonte de ces lettres, au moyen de matrices en sable, en terre cuite, en plomb ou en étain ; retouche des caractères après la fonte ; gravure des lettres sur acier non tempré, puis trempé après la gravure ; frappe de ces lettres

  1. Par quelle distraction un érudit lyonnais a-t-il pu dire, au Congrès de la Société des Bibliophiles, tenu en 1891, à Lyon, puis écrire dans une Revue « que c’était à Gutenberg qu’on devait les planches xylographiques, » puisque la gloire du célèbre imprimeur a été de les supprimer ?
    Comment, ce jour-là, pas un membre du Congrès n’a-t-il relevé cette erreur ? Je n’ose rappeler une autre assertion du sympathique bibliophile que : « C’est à l’année 1450 que remonte la première impression avec planches fixes en bois… » Et cependant la vérité ne doit-elle point passer avant l’amitié ? Que l’auteur veuille bien décider lui-même.